La Perception :
La perception est la manifestation de l’esprit. Penser le monde, c’est s’en distinguer, c’est se l’opposer et prendre conscience de sa qualité de sujet. L’animal s’identifie à ses sensations, l’homme les a et les rattache à des choses extérieures. L’acte par lequel je saisis le monde comme objet est l’acte par lequel je ne saisi moi-même comme sujet.
I. Synthèse perceptive :
Sensations et perceptions sont les deux modalités principales de la synthèse perceptive. Il n’y a de perception que des objets sensibles extérieurs, les phénomènes intérieurs relèvent non pas de la perception mais de la conscience.
Définition de la perception : La perception est l’opération par laquelle le sujet organise ses sensations présentes, les interprète par des images et des souvenirs
• Il y a dans la perception plusieurs éléments :- Les sensations : ce sont les matériaux concrets de la construction perceptive.
- Les souvenirs : la mémoire intervient toujours.
- Les images : la conscience projetterait des images au devant de la sensation. Les images se différencient mal du souvenir.
La perception implique une intention psychique organisatrice. L’activité de l’esprit est manifeste. Nous devons mettre en avant le double travail d’analyse et de synthèse.
- Le sujet parmi les données sensibles opère une dissociation, un choix en fonction de ce qui t’intéresse. C’est le moment de l’analyse.
- Il y a coordination, association et unification de ces éléments dans un ensemble cohérent, une construction. c’est le moment de la synthèse.
- Importance du rôle du jugement : sous une forme plus ou moins explicite la conscience juge de la perception. Il y a jugement d’objectivité, de réalité et d’identification.
II. Sensation et perception :
Quels sont leur rapport et leurs différences ?
1. Subjectivité de la sensation :
objectivité de la perception. Les sensations : objectivité de la perception. Les sensations se confondent avec notre réalité subjective. On peut parler de l’objectivité de la perception qui nous livre le monde extérieur, qui nous renseigne sur l’existence du monde qui ne peut être mis en doute du point de vue empirique. La perception offre le même donné à tout le monde
2. Différence de niveau psychique
: la sensation est très élémentaire en tant que donnée de conscience, c’est un état ou le senti l’emporte sur le compris, l’irréfléchi sur le réfléchi. La perception au contraire est une très haute fonction mentale. Elle a sa place dans la conscience réflexive du compris. Percevoir, c’est interpréter et donc penser.
3. Passivité de la sensation, activité de la perception :
Dans la sensation, la conscience est passive : pour sentir, il suffit de s’ouvrir au monde. Nous subissons les impressions sensibles.
La perception au contraire fait intervenir le jugement et l’acte par lequel le sujet pose un objet extérieur à lui. La perception par opposition la sensation est donc une construction du monde à partir du sujet.
III. La perception et la notion d’objet :
1. L.’objet perçu
: l’objet est ce qui est représenté ou pensé par l’esprit. L’objet perçu à un objet, on pense aussi à quelque chose qui aurait une existence en soi indépendamment de la connaissance qu’en prend le sujet
2. Différenciation du sujet et de l’objet :
la perception porte en elle-même son paradoxe. Elle est à la fois subjective et objective. C’est l’opération d’un sujet qui consiste à saisir un objet, c'est-à-dire quelque chose qui n’est pas lui. C’est l’acte d’un moi qui s’oppose à lui-même un non moi. Ainsi se construirait peu à peu le monde objectif dont la réalité est alors reconnue par le sujet comme réfléchie. Le sentiment du réel se double d’un jugement d’authenticité. Mais la perception exige que soit intacte la fonction du réel.
3. La perception, œuvre de l’esprit. Quelle place revient à l’esprit dans la perception ?
La question a été posée par Descartes dans l’analyse du morceau de cire dans laquelle il s’interroge sur la connaissance du monde sensible en prenant l’exemple d’un morceau de cire dont se modifie l’apparence sensible lorsqu’on l’approche du feu. On affirme que la même cire demeure après ce changement. Mais qu’est-ce qui autorise à le faire sinon l’entendement qui permet de comprendre que le même morceau d’étendue subsiste malgré l’altération des qualités ? L’étendue dans son essence abstraite n’est pas saisie par la vision des yeux mais par l’inspection de l’esprit. Nous disons, nous voyons la même cire au lieu de dire que nous jugeons que c’est la même. La seule puissance de juger réside dans notre esprit selon Descartes.
IV. La valeur de la connaissance sensible et le fondement de la perception.
1. Place du sensible dans la conscience : le sensualisme :
Sur le plan de la théorie de la connaissance l’empirisme est une doctrine qui a toujours fait une large place à l’intuition sensible, « il n’est rien dans l’entendement qui n’ait été d’abord dans les sens ». Condillac. Il veut montrer que toutes nos facultés, toutes nos connaissances viennent des sens, c'est-à-dire des sensations. Condillac imagine une statue animée d’un esprit mais privée de toutes espèces d’idées, dans laquelle s’ouvrirait successivement chaque sens en commençant par l’odorat. Qu’on lui fasse respirer l’odeur d’une rose, la statue sera toute entière parfum de rose et de cette sensation pourra naître l’attention, le souvenir, le désir, le jugement, l’imagination, la volonté. Toutes les fonctions mentales pourront dériver de la sensation transformée. La sensation est la source unique. La réflexion n’est que seconde.
• Critique de cette idée :
privilège excessif accordé à la sensation / /La sensation ne se transformerait jamais si la conscience n’opérait cette transformation.
2. Valeur de la connaissance sensible :
L’une des tâches premières de la philosophie est de critiquer les apparences sensibles, de dénoncer la relativité des sensations. Quelle est la valeur de la connaissance sensible ? L’univers de la perception est limité par les limitations de nos sens. Pour être perceptibles les excitations doivent franchir le seuil des organes des sens. Bien que relative aux appareils récepteurs de l’organisme, au point que le monde sensible nous semblerait autre si nous avions d’autres sens, la connaissance sensible n’exclut pas une certaine correspondance entre les structures organiques et les propriétés objectives du monde extérieur. Il faut reconnaître la valeur pratique et utilitaire de l’intuition sensible. Descartes estime que les sensations nous font connaître les propriétés utiles ou nuisibles des objets qui nous entourent.
3. Le fondement de la perception :
La causalité objective : le passage de la subjectivité à l’objectivité peut s’expliquer par une certaine application du principe de causalité. Si j’éprouve des modifications malgré moi, j’en conclurai qu’il existe hors de moi une cause qui a pu les produire.
Le recours à la causalité subjective : Le sujet pose lui-même son objet en face de lui. Maine de Brian : le moi est un objet qui se pose dans un acte et qui est constitutif de l’objet. Dans ce cas, la causalité passe non pas de l’objet au sujet mais du sujet à l’objet.
La phénoménologie de la perception : Pour Merleau Ponty, il y a complémentarité du sujet et de l’objet dans le phénomène perceptif.
La conscience et le monde sont en corrélation. Exister c’est être dans le monde pour une conscience qui sans objet ne serait pas une conscience. Et inversement le monde c’est ce qui est perçu par une conscience. Il faut donc dépasser l’opposition subjectivisme // objectivisme.
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