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dimanche 24 janvier 2010

Sophistes et philosophes

La philosophie au bac

Les sophistes

Introduction

Les sophistes ont une grande place dans la philosophie. Nous pouvons poser deux technai de la parole, faire agir, c’est la parole sophistique, la tecknè du logos des sophistes, faire faire ce que l’on veut des autres par la persuasion, et donner à voir, c’est dans ce cas de figure, la parole philosophique qui consiste à tourner l’œil de l’âme vers ce qui est à voir. La sophistique grecque relève de l’éristique grec, c’est une manipulation des hommes par les mots dans le sens d’un retournement qui suppose une persuasion. Ils prétendent combler les carences de l’éducation des jeunes grecs, parfaire l’éducation des jeunes patrides issus de familles bien nées. Ils prenaient la parole dans l’agora et jouaient un rôle dans la cité très important. Les jeunes y voyaient une grande techknè.

La sophistique, une ruse de la raison

Ils sont très grecs au sens d’Ulysse et des héros. Le mensonge, la ruse de la raison sont le propre des sophistes; Platon dit d’eux qu’ils se plaisent à vendre « des nourritures pour l’âme », des nourritures qu’on achète comme on achète au marché des nourritures pour le corps. Plus l’idée est payée chère, plus prétendaient ils, elle est riche et profonde de contenu. Dans la République défend la thèse selon laquelle, l’éducation, paideia ne consiste pas à mettre les sciences dans la tête des hommes comme des choses dans une boîte pour remplir un contenant vide. Le meilleur n’est pas celui qui est rempli de plus de marchandises. La tête la plus rempli n’est pas la mieux formée, on retrouve cette notion chez Descartes, Montaigne, Rabelais, le rapport n’est pas quantitatif mais plutôt qualitatif; La paideia n’est pas la polytechnie, la quantité des choses apprises, ceci est devenu un leitmotiv dans la philosophie platonicienne, il s’insurge contre la polytechnique et la passion sophistique de la parole, la parole pour la parole. Le logos, discours, est un maître puissant qui peut être dangereux, il renvoie à l’art avec lequel on expose nos connaissances plutôt que nos connaissances en soi. Le logos sophistique s’empare des jeunes qui ne peuvent plus s’en passer, qui sont contaminés et qui en font la base d’une éducation. C’est contre cette pseudo -éducation que Platon se bat dans la majorité de ses 32 dialogues. La tecknè est un savoir faire qui peut être dangereux s’il est utilisé à mauvais escient, c’est une direction de l’esprit sur les choses, nous pouvons dire que les sophistes ne sont pas traditionnels par leur pragmatique, c’est-à-dire, par la finalité de leurs discours, leur utilité dans la vie pratique, ils sont traditionnels car ils font valoir la ruse, en ce sens, nous pouvons affirmer qu’ils sont grecs.

La référence à Ulysse

Ulysse incarne par excellence la ruse, il est sophos en ce sens là, sophiste, donc habile, triomphant, il excelle dans l’invention du moyen, cela nous tourne vers la technique de l’homme sur la nature, phusis. Ulysse est celui qui se sort de toutes les situations, il est l’intelligence en soi, l’intelligence pratique, il se sort de toutes les situations car il a le savoir faire, la tecknè, les techniques de la capture au niveau de l’intelligence pratique tandis que Platon capture les essences. Nous avons donc l’image d’une supériorité dominante, écrasante chez l’homme par rapport à l’animal qu’il tue pour la nourriture ou qu’il domestique; Dans la manière d’attraper l’animal, il y a l’idée de piège que l’homme par la pensée a inventé; La force de la pensée permet à l’homme de remédier à la faiblesses de ses forces, l’homme parmi les vivants, est le plus démuni, sans organon. La tecknè est l’invention de l’organon, le moyen, le moyen de s’en sortir qui permet la réussite selon que l’on agit d’après le kairos, le bon moment. Si l’homme n’était pas naturellement faible, il ne deviendrait pas extraordinairement fort par le moyen de la tecknè. Nous avons donc une supériorité de la technique, incarnée par Ulysse, l’homme de toutes les situations. Il nous faut donc reconnaître la supériorité de la technique, on revient donc à quelque chose de purement humain, la façon dont la parole dirige, l’homme est alors la mesure de ce dont il faut usage. Il faut, pouvons nous lire dans le Protagoras, poser les choses dans leur relation à la manière dont on en fait usage. La chrématistique est le terme utilisé par Platon pour figurer ce rapport, c’est la question des richesses de l’homme inséparables de l’usage du mot. L’ousia signifie l’avoir et l’être, la richesse interne, l’allusion est ontologique.

La philosophie des valeurs et la question des choses

Il semble donc que la philosophie des valeurs soit inséparable de la question des choses, l’art métrétique, l’art de donner sa mesure ou sa norme à toute chose est un bien commun à toute la pensée grecque, en particulier aux sophistes. Il s’agit d’une philosophie des valeurs humanistes et d’une norme extérieure à l’homme. Il n’y a rien d’absolu dans la conception que les grecs font des valeurs; L’absolu est dans la phusis, la nature, donc ce qui est extérieur à l’homme. Il faut faire ce qu’il convient de faire, ce qui est à propos selon le kairos, et non ce qui doit être fait, bien agir est toujours selon la conception grecque agir selon le kairos. Toutes les autres valeurs, politiques, morales, religieuses ne sont que des créations humaines. L’acte dit Kalon, fait selon le kairos, est l’acte qu’il est bon de faire, cela revêt le sens de la beauté, de l’acte non pas au niveau esthétique mais au niveau éthique; Nous avons donc une identité du kalos et du bien éthique, nous retrouvons cette idée dans le Banquet de Platon. Il faut par conséquent toujours accorder la praxis, l’agir, au kairos, le moment opportun, l’éthique du kairos est commune à tous les grecs.

Conclusion

Le philosophe ne peut pas ignorer le sophiste. Nous conclurons notre étude sur une citation d’Aristote : « ce qui différencie le philosophe du sophiste est moins la nature même des problèmes que l’invention avec laquelle ils sont abordés. Il y a une intention de vérité d’un côté et la recherche d’un profit de l’autre. Cette considération ne rend la sophistique que plus redoutable. C’est leur indifférence à l’égard de la vérité qui a fait des sophistes les fondateurs de la dialectique au sens d’un art qui s’enseigne à rendre vraisemblable le pour et le contre sur un même problème; Leur indifférence fait qu’ils ont fait porter tous leurs efforts sur l’efficacité du discours en en faisant une arme incomparable pour transmuer le vrai, le faux en vraisemblable Le propre des thèses sophistiques est de se faire passer pour des philosophes, et c’est pour cette raison que le philosophe ne peut ignorer le sophiste.

 

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