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dimanche 24 janvier 2010

La politique, les échanges

Les échanges


Introduction
Définition : Un échange est un don qui implique une contre partie lorsque le terme est employé au pluriel, il renvoie plus généralement aux relations commerciales au sein d’une communauté ou entre différentes cultures. Toutefois, le terme peut désigner des liens qui ne sont pas économique.

I. L’échange et la question de l’équivalence des biens :

Pour qu’un échange soit possible, il faut qu’il y ait une équivalence dans les biens que l’on échange. Dans le cas de deux objets semblables, l’échange est facile. Lorsque les deux produits sont différents (ex : service prodigué par le médecin). Il devient nécessaire de passer par une mesure commune : la monnaie (cf. analyse d’Aristote dans Ethique a Nicomaque). L’analyse d’Aristote permet d’assimiler l’achat à un échange. D’emblée Aristote nous met en garde : la monnaie qui au départ n’est qu’un intermédiaire, ce pourquoi l’échange est possible, ne doit pas devenir une fin en soi. Derrière cette analyse s’esquisse une critique de la recherche du profit, le fait de faire de la spéculation.

II. Les origines de l’échange :

L’homme ne peut pas vivre en Autarcie c'est-à-dire qu’il ne peut pas se suffire à lui-même. Platon dans la république mettait déjà en évidence que toutes communautés humaines étaient nécessairement fondé sur la répartition des tâches et la division du travail. Cette nécessité d’échanger est également à mettre en rapport avec la formule d’Aristote : « L’homme est un animal ». Selon lui, en effet, il faut être soit un dieu soit une bête pour pouvoir vivre seul. L’échange selon Nietzsche ne serait pas autre chose qu’une alternative à notre impossibilité d’obtenir ce que l’on veut par la violence. En effet, il ne faut pas perdre de vue qu’il n’y a pas énormément de façon de s’approprier un objet (vol, achat, échange).

III. Quelques réflexions sur les liens entre le don et l’échange.

Par définition ces deux notions s’opposent. Le don n’implique aucune contre partie qui n’est pas le cas de l’échange. Toutefois cette distinction mérite d’être nuancée.

1. La pratique du potlatch :

La pratique du potlatch que l’on retrouve chez certaines tribus Nord-est Américaine. Cela montre que le don peut être motivé par le désir d’affirmer sa supériorité, sa puissance. Le don qui devrait être un acte généreux est ici motivé par une attention que l’on pourrait condamner d’un point de vue moral. On peut se demander s’il n’existe pas encore des formes de potlatch. Lorsqu’une entreprise aide financièrement une démarche culturelle est une manière de montrer qu’elle est présente.

2. Le don : un échange déguisé ?

On peut également se demander si le don n’est pas un échange déguisé. Je donne et donc, j’attends une contrepartie, je donne pour rehausser ma propre image : le don est intéressé, le 3ème cas de figure est le suivant : Je donne pour avoir bonne conscience. Ces 3 cas de figure montrent que le don peut toujours être suspecté d’être motivé par un calcul. Ce serait en l’occurrence, le point de vue que développe au 18 ème siècle, La Rochefoucauld dans Les Maximes : « Nos vertus ne sont le plus souvent que des vices déguisés ». Exemple de la Rochefoucauld : Il définit comme un art d’être complimenté 2 fois (=modestie).

3. La dépense ostentatoire :

Être dans l’ostentation, c’est être en représentation. Norbert Elias dans la société de cours analyse les mœurs et les comportements des aristocrates sous l’ancien régime. Il montre que la dépense ostentatoire était un moyen pour préserver leur rang social : « L’homme qui n’a pas les moyens de vivre selon son rang social perd sa considération ». Cette logique de consommation dans les sociétés modernes ne les dépense pas seulement pour obtenir quelque chose mais avoir une image.


Deuxième partie du thème des échanges

IV. La loi de l’offre et la demande :

La rationalité économique obéit essentiellement à la loi de l’offre et la demande. La valeur d’un objet n’est pas dans l’usage que l’on en fait, mais dans le désir qu’il suscite. Si de surcroit cet objet est rare il y aura une disproportion entre l’offre et la demande. Ce qui justifiera ainsi, le coût onéreux. L’homme d’affaire avisé, c'est-à-dire que l’on dit trivialement qu’il sait faire de l’argent. On peut donc partir de rien, il lui suffit de créer de nouveaux désirs et de jouer ainsi avec les lois du marché.

V. L’économie et la morale sont-elles incompatible ?

1. La cité idéale chez Platon :

La cité idéale de Platon invite au respect d’une hiérarchie et d’une tempérance (=modération). On retrouve cet idéal dans toute la philosophie Platonicienne ainsi qu’au niveau économique. La tempérance est le mot clé de la cité idéale, elle gère aussi les échanges au niveau économique, car une cité qui sombrerait dans les excès économique, du fait d’échanges mal contrôlés est une cité perdue. On retrouve l’explication morale de Platon au niveau économique car une cité en bonne santé économique est une cité qui pratique la modération et la tempérance dans les échanges = rationalité économique.

2. Marx :

Matérialisme, doctrine selon laquelle tout dépend de la matière. A ne pas confondre avec l’usage courant que l’on fait du terme lorsque l’on dit d’une personne qu’elle matérialiste. En philosophie cela renvoie à un courant de pensée. Marx développe une doctrine matérialiste, il affirme en effet que ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. Feuerbach soulignais déjà que l’on ne pense pas de la même manière, selon que l’on vit dans une chaumière ou dans un palais ». Remarque : Marivaux insiste lui aussi sur le poids du déterminisme social. Les jeux de l’amour et du hasard, de Marivaux montre que notre milieu social, nous conditionne au point d’agir sur nos sentiments et choix affectifs.

Cette situation de domination va être accentuée par l’essor de l’industrie avec le machinisme et la division du travail notamment celui du travail à la chaîne, va apparaître des phénomènes de Paupérisation (exploitation de la misère ouvrière). Marx est à l’origine du communisme. Le travailleur en ce sens s’allie dans le travail ; « Il n’est plus qu’une main qui actionne les machines » tout ce dont Chaplin a rendu compte dans les temps moderne. Autrement dit, la recherche du profit débouche, non seulement sur l’aliénation du travailleur et sur une non exploitation, c'est-à-dire sur une situation qui est en total opposition avec la morale élémentaire. La rationalité économique dans ses aspects peut avoir des conséquences néfastes dans la mesure où elles peuvent s’opposer à la dignité humaine. Ex : exploitation des enfants, trafic d’organe, la prostitution. Par ailleurs, on peut s’interroger sur l’efficacité d’un système qui a la prétention d’assurer la prospérité de l’état : les crises économiques

3. Le rôle de l’état :

C’est la raison pour laquelle, il peut sembler nécessaire que l’état intervienne pour réglementer les activités économiques et ce dans le but de corriger les inégalités car personne ne peut affirmer qu’il ne sera pas un jour en situation de faiblesse.

VI. L’égoïsme : Moteur des échanges.

1. Mandeville :

B. Mandeville médecin, a publié en 1714 un ouvrage dont la publication peut faire scandale aujourd’hui : « la fable des abeilles ». Cette fable montre comment une ruche dont les abeilles pratiquent tous les vices qu’ont les hommes devient prospère et heureuse. « Chaque partie étant pleine de vices, le tout cependant était un paradis ». Par la suite, un prédicateur parvient à les convaincre de devenir vertueuse. Ce qui entraine le déclin des activités, contribuant à l’entretien de la ruche. L’attention de l’auteur n’est pas de satiriser la vertu et la morale, mais de montrer que l’amour de soi, passion impure par excellence est à l’origine des prospérités des nations et que cette égoïsme, loin de conduire la société au conflit est au contraire, une source de réciprocité des intérêts et harmonie entre les êtres. La vertu conduirait à la ruine et le vice à la prospérité. Le bien commun en ce sens ne résulterait que des chocs des avidités et la malignité.

2. Smith :

Certes Smith n’aurait pas souscrit à une vue aussi pessimiste de la société, mais il aurait admis que les égoïsmes privés sont le moteur fondamental de l’échange. Comme il le note dans « recherches sur la nature et les causes de la richesses des nations ». « Il ne s’est jamais vu dans le monde animal d’espèces disposées d’échanger leur proie ». L’un des trais spécifiques de l’homme serait de faire des échanges. Ce serait ce qui le distingue des autres animaux. Selon lui les hommes ont des intérêts différents et c’est la fonction même de l’échange que de pouvoir créer une réciprocité d’intérêts. Ainsi le fait que celui qui échange ne pense qu’à son intérêt ne constitue pas pour Smith une réelle objection. Bien au contraire, chacun travaillant à des fins personnelles, une sorte de main invisible harmonise, les intérêts des uns et des autres. Autrement dit la recherche par l’individu pour son intérêt privé, contribue au bien commun, telle est la formule qui résume l’idéologie libérale dont Adam Smith est le fondateur.

3. Montesquieu :

Quand elle note Montesquieu dans « de l’esprit des lois » deux états qui commercent ensemble ont un intérêt commun (importations, exportations) sont nécessaires et source d’enrichissement. Cependant, cet intérêt qui les lie renforce également leur relation aidant la paix entre eux : « les faits naturels du commerce aide à porter la paix ». Avec les échanges naissent les idées d’égalités et de justice, valeurs fondatrices de la société : « l’esprit de commerce produit un sentiment de justice exacte ». Alain développe une idée semblable.

VII. L’échange gratuit :

1. Echange de sentiment :

L’échange des biens ne sont qu’une partie des échanges qui sont perceptibles dans une société humaine. On échange des sentiments. L’amitié lie deux êtres qui se respectent. De même, échanger un bonjour a pour but d’instaurer une communication qui ne vise pas forcément un intérêt particulier. L’échange permet de transmettre plus d’humanité et de convivialité dans les rapports humains.

2. Echanges d’idées :

Par son combat contre les sophistes (=orateur=rhéteur), prétendant vendre leur savoir, Platon nous enseigne que les idées n’ont pas de prix, le véritable dialogue ne vise pas un quelconque intérêt économique et il est bien un échange.

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Travail complémentaire : ECHANGES :

Jules Vuillemin : « Si l’histoire a un sens c’est à la condition d’emprunter son principe même, l’activité par laquelle l’homme crée le destin collectif de son espèce. Je travaille donc je suis ».

L’être et le travail, 1949.

C’est dans le travail et par le travail que l’homme mesure ses possibilités et ses limites, qu’il s’affirme en triomphant du réel en le modelant, le rectifiant. Il se crée lui-même en réalisant quelque chose qui n’existait pas avant lui et qui n’existerait pas sans lui.

I. Le travail du point de vue de l’économie politique :

L’économie politique est la science qui étudie les besoins économiques et la façon dont sont produits les objets correspondant à ces besoins.
Le travail est un objet d’étude pour l’économiste au double point de vue des besoins économiques qu’il satisfait par ses produits et des moyens de cette production.

1. Besoins et valeurs :

Les besoins humains correspondent à des besoins économiques. Le besoin de manger fait rechercher les produits comestibles et du fait qu’ils sont recherchés, ces produits représentent une valeur proportionnelle à l’intensité du besoin, à la masse de gens qui les recherchent.
C’est la loi du marché c’est-à-dire, la valeur marchande des objets de consommation. Le travail est ce qui crée ou procure les objets destinés à satisfaire ces besoins.

2. Travail et production :

L’économie politique étudie aussi les modalités du travail, les moyens de production et la structure économique, c’est-à-dire, le rapport entre la production, le travail et la vie collective. L’économie politique concerne le travail = En étudiant les modes de production, les forces de production, les relations sociales liées au système de production.

II. Le travail du point de vue de la morale :

L’économie politique concerne l’étude des besoins.
1. La morale étudie la relation du travail avec l’homme qui travaille :

Elle prend pour l’objet de réflexion l’être au travail et non pas le travail considéré objectivement avec ses moyens et ses produits. Le travail est évalué dans son acte et non dans ses produits.
Il peut être considéré de 3 façons :

A. Expression du besoin de gagner :

L’impératif gagne ton pain à la sueur de ton front laisse chacun seul aux prises avec le travail à faire : Sentiment d’affrontement de sens de l’effort.

B. Expression d’une coopération :

Tout travail est une participation à la collectivité. La division du travail est l’expression de cette coopération :

C. Réalisation de quelque chose :

Soit directement, soit par la participation à l’effort collectif, le travailleur est celui qui peut montrer les résultats de son travail. Valeur = évaluation de son effort.

2. Les 3 aspects de l’être au travail expriment des valeurs morales :

A. Autonomie et courage :

Travail = liberté

B. Justice :

Il suffit que nous vivions pour que nous vivions pour que nous utilisions les produits du travail des autres par le jeu même de la vie en société et de la division du travail. Notre travail sera la contrepartie de cette mise à contribution d’autrui, le paiement de notre dette envers la société, la collectivité. Le travail est donc le prix dont nous payons le service social que nous recevons des autres l’oisif = parasite le sentiment aigu de l’injustice de l’oisiveté a poussé les auteurs comme Rousseau à contester la légitimité de tout refus de travailler et à dénoncer comme immorale l’idée même de loisir.

C. La réalisation d’une œuvre :

La valeur du travail, celle par laquelle il devient une fonction de l’existence morale est son caractère de création et donc de responsabilité. Un travail qui tend à la répétition machinale d’un geste réduit le travailleur à la condition d’automate = c’est un travail qui a perdu sa valeur morale et son sens.
Déshumanisation par le machinisme = Monde où la valeur n’est plus l’homme mais le rendement.

III. Les échanges :

L’échange est l’action d’offrir ou de recevoir une chose ou valeur contre une autre équivalente = l’échange des services, l’échange des produits.

1. Troc – monnaie – échange :

L’échange n’est pas le don. Le premier suppose une réciprocité. Le second obéit aux lois du sentiment. Le troc est l’échange d’objets contre d’autres objets. Il est antérieur à l’usage de la monnaie. L’échange et le troc supposent la sociabilité et la communication. L’échange est spécifiquement humain, il manifeste le besoin de la relation à autrui et la volonté d’éviter la violence.

2. Echange et Culture :

Dans l’échange par delà les différences des conditions, les partenaires ont réciproquement besoin de l’autre et chacun doit pouvoir acheter – vendre. L’achat est indépendant des qualités des personnes. Le système économique d’échange a intérêt à n’exclure personne du système achat-vente. Même si l’échange est un facteur de diverses inégalités sociales, son développement a introduit ou développé dans la culture des notions humainement essentielles.


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